En voyage : De quelques principes de communication

Shekhawati pause

« Y comprend rien, c’t’homme là ! J’t’assure ! »

Je pars vadrouiller ce week-end à Bhubaneshwar dans l’Orissa ! Pendant ce temps, je vous laisse en compagnie de quelques réflexions sur la communication…

A l’étranger, communiquer est un bonheur de chaque instant : le cerveau fonctionne à 300km/h, il faut copier la gestuelle et les tics de langage, comprendre la situation du point de vue de l’interlocuteur tout en faisant comprendre le sien et ses attentes. Une gymnastique passionnante mais qui ralentit parfois considérablement l’avancée des choses ; en contrepartie, cela déclenche bien souvent des fous rires…

Attablés dans, sans aucun doute, une des meilleures cantines de routiers de la région d’Aurangabad, une demoiselle demande au serveur :

– And the biryani is made with chilies ?

– Yes !

– Euhhhhh… Green chilies ?

– Yes !

– It’s possible not to have green chilies ?

– Yes !

– OK, so let’s have one biryani with no green chilies.

– So one biryiani… with just red chilies…

-…

Etape 1. Pour communiquer, il faut être précis. Très précis. Être précis au moment adéquat, dans la perspective de ce que pense l’autre… Pour ceux que cela intéresse, le biryani était excellent.

Après un retard la veille, le chauffeur de Tac :

– Sorry for tomorrow m’aam…

– … ???… (Cerveau bouillonnant, de quoi parle-t-il donc, que se passe-t-il demain ?)… Euuuuh, mais bien sûr, yes, OK, no problem… (Est-ce l’achat d’indulgences version locale ? il veut mon pardon pour le futur ?… Rédemption préventive… Une nouvelle eschatologie en train de naître sous mes yeux, c’est grandiose, prenons des notes !!!)…

Etape 2. Pour communiquer, mieux vaut connaître les subtilités locales : en hindi, « hier » et « demain » sont le même mot (kal). Ce qui ne complique absolument pas les choses pour les Occidentaux, comme tu l’imagines.

A la réception d’un hôtel à Luang Prabang (Laos) :

– Bonjour, nous voudrions une chambre.

Hochement de tête compréhensif, la tête un peu penchée.

– Vous en avez de libres ?

Hochement de tête. Rien ne se passe, la personne continue de nous fixer avec sérénité.

– Euhhhhh… Pourrions-nous les voir ?

Hochement de tête. Toujours rien, la personne nous regarde placidement.

– (Mouahahahahah intérieur) Peut-on aller… Non, j’ai compris. Allons les voir !

La personne prend les clefs et nous amène voir les chambres. La scène s’est répétée pour tout : récupérer des serviettes de toilette, les clefs, pour payer etc. Chaque hochement de tête laotien, très lent, très zen, est l’équivalent d’un « certes, c’est ce que tout le monde veut dans la vie… » terriblement philosophique.

Etape 3. Pour communiquer, mieux vaut aller à l’essentiel…

Coup de fil à l’épicerie d’en face, pour la livraison hebdomadaire d’une bombonne de 20l d’eau. Tac, avec son pur accent british :

– Hello, this is *** building, can you deliver water ?

Trois minutes plus tard, un coursier nous apporte une petite plaquette de beurre.

Etape 4. Pour communiquer, adapter sa prononciation à l’interlocuteur. Ne pas hésiter à répéter huit fois, avec huit prononciations différentes : boutter, b’ter, batar, batter, boter, bauter, botar, b’tar. C’est le minimum requis en Inde.

Un arrêt de bus à Taipei (Taïwan). Moufette, seule, se voit accoster par un vieil homme qui s’approche d’elle sur le banc :

– Hello… where… come… from… you… are ?

Il était tellement heureux, vous n’imaginez pas.

Etape 5. N’avoir aucun complexe par rapport à sa propre maîtrise de la grammaire.

Pour d’autres épisodes, c’est ICI !


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18 commentaires

  1. Donc pour expliquer "ne jamais remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui" en hindi, il faut se lever très tôt ! : )
    Plus fort que la philosphie du Laos, la sagesse de l'inde, où le hochement "oui" veut dire dire et le "non" oui... très subtil, surtout qu'il font ça en se marrant : )
    Y a qu'un seul truc universel en anglais : F*** ! : )

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    • @ M1 : oh tiens, c'est une excellente idée ça... essayer de traduire cette phrase en hindi...
      En fait, il faudrait que je prenne une vidéo pour montrer ce qu'est le "oui" : si l'on est observateur (et surtout, si on le fait soi-même ce que l'on finit par faire très rapidement ici) on ne peut pas le confondre avec un "non".
      Le "oui" : dodeliner de droite et de gauche, tout en plissant un peu les lèvres et en baissant les yeux. Cela peut aussi être juste un coup de tête vers la droite ou la gauche avec un froncement de sourcils, signifiant "évidemment que c'est oui !".
      Le "non" : agiter la tête de droite et de gauche (rien à voir, n'est-ce pas ?) tout en fronçant les sourcils. La plupart du temps, c'est accompagné d'un autre geste : remballer les marchandises à vendre, se détourner, le taxi ou le rickshaw qui repart etc.

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    • @ Monsieur : bienvenu ici ! Oui, ce n'est déjà pas facile dans une même langue de communiquer alors quand on en mélange plusieurs 😉 !

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  2. Coucou !
    Ca y est j'ai les images sur ton blog, avant je n'avais que des petites croix ! super beau...
    Bon maintenant je vais te lire, mais j'étais pressée de te dire ça...
    Citron-pressé

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    • @ Ckankonvaou : c'est parce que tu utilises Internet Explorer, non ? Si tu utilises Firefox, il y a moins de problème pour voir les images sur les sites et les blogs. En tout cas, contente que cela te plaise et merci beaucoup !

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  3. Chouyo @ oui c'est vrai qu'il y a une "lecture" à faire des dodelinements de la tête, mais c'est pas une expertise qu'un simple touriste peut avoir en deux semaines non? : )
    Et ils n'ont jamais pensé que c'est plus facile de dire yes ou no au lieu de faire toute cette chorégraphie de la tête? : )

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    • @ M1 : si l'on est attentif, cela va très vite pour comprendre le dodelinement ! Et pour se prendre à le faire aussi. L'été dernier, il y a eu un quiproquo et ensuite notre regard s'est focalisé là-dessus : tout le danger en Inde est effectivement d'oublier la gestuelle et d'essayer de parler ou d'écouter ; tellement de langues différentes et de prononciations que la gestuelle est finalement beaucoup plus claire.
      Non, la simplicité n'est pas une chose acceptable en Inde, hihihi !

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    • @ Miss Brownie : parfois, les situations deviennent tellement incongrues ou insupportables que l'on se demande si l'on est devenu fous. Dans ces cas-là, on éclate de rire parce que c'est le seul moyen de poser les choses à plat et d'essayer de se comprendre. Et parfois, cela ne marche toujours pas 😉 !

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  4. oui je suis sous (amphét) (coca(ï)-cola) euh son IE.... j'ose pas télécharger Firefox, avec mon habitude de tout planter, j'ai pas envie de tout perdre.... Julot l'a chargé sur l'un de ses ordi (il en a trois... ben oui faut bien compenser... ça lui fait 4 en tout !!! hihihi) et il à l'air de trouver ça bien, seulement c'est l'ordi qui reste fermé.... il est marrant !

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    • @ Ckankonvaou : tu devrais, c'est plus pratique pour un certain nombre de choses. Jules devrait étendre son influence à ton ordinateur 😉 !

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