This is Rockabouclettes, baby !

J’ai une éducation musicale pour le moins gore.

OUI.

Disques 2

(Non mais cette couverture… sérieusement…)

La musique est à ma famille ce qu’un pot de Nutella est à mon placard : essentielle. A tout âge on y écoute, chante, et joue de tout : on souffle, on gratte, on embouche, on vielle, on gratouille, on pianote, et je suis certaine qu’en cherchant bien on y zinzinule même… [AH ! Je te vois wikipédier !] On enseigne la musique, on la joue en fanfare, on a même écrit à son propos, théorisé des cantates et composé l’hymne d’un lycée au bout du monde. Apprendre à marcher en s’appuyant sur des murs de disques est donc une activité tout à fait normale…

Disques 1

L’état de ces couvertures s’explique donc par des dizaines de coups de patte et de museau d’enfants.

Et de chien aussi, d’accord…

Le disque vinyl se fait coffrets recouverts de tissu à la couleur effacée par le temps dans lesquels Liszt, Chopin et Mozart virevoltent, ou explosera en couleurs psychédéliques et accords déstructurés. Il sera gondolé ou cassé parfois, mais il restera. Petite, je les ai sortis, ouverts, retournés, admirés, écoutés. J’éprouvais un plaisir immense à saisir le grand format cartonné, à l’incliner et faire glisser le rond noir, strié, jamais froid, à passer mon doigt sur le sillon qu’allait suivre le diamant. Je ne pouvais d’ailleurs dans mon esprit d’enfant m’empêcher de relier ce sillon à celui qu’il fallait abreuver dans une autre chanson. La musique a toujours été révolution…

… d’ailleurs, c’est avec un sourire coquin que je reluquais ces doigts collants sur un jean noir, actionnant la braguette de haut en bas. Je sortais un disque pour y découvrir une pomme verte que j’étais avide de croquer. Ma mère et son amoureux avaient ajouté au copieux inventaire de classique, d’opéras et de comédies musicales dont mes grands-parents étaient plus que friands tout ce que les années 60 et 70 avaient apporté à la musique. Du folk, des wawawawawawa en choeurs, du rock à donf, du progressif en folie, et le répertoire s’est élargi jusqu’à ce que Purcell prenne la main de Zappa, que Creedence suive Naomi Shemer, que Marc-Antoine Charpentier et Prokofiev accompagnent Yma Sumac, Crosby, Stills, Nash et évidemment Young.

Je t’avais prévenu : c’est gore.

C’est gore, parce que j’ai une mémoire affective dont j’avais parlé ICI, et qui fonctionne par association d’idées. Je suis un mashup ambulant (à bouclettes). Rangeant, admirant, détaillant ces disques, j’en écoutais d’autres en même temps. Mélange, pêle-mêle, comme bien souvent ma mémoire ne classe que lorsqu’elle doit transmettre : elle fait sinon tâche d’huile, engrange et se vautre avec la plus délicieuse confusion dans le fatras des sens.

D’où des conversations pour le moins ébouriffantes pour #LuiCEstCuir…

– Oh tu sais… cet album là… je me souviens d’une couverture qui m’a marquée quand j’étais gamine, je crois que c’était un bon disque. Ouais, un truc pas mal… mais aucune idée de qui c’était…

– … Ouiii ?

– … je l’adorais en plus, je l’ai regardé des heures, je ne sais pas pourquoi mais la couverture m’a marquée… attends, un cadre jaune ou beige ? et puis un homme au milieu…

– … euhhh…

– … bon il est peut-être pas connu hein… mais je crois que c’était pas mal… (boah, un cadre jaune, un type au milieu, c’est quand même pas « Tea for the Tillerman ») ?

– … Non, mais, décris comme ça, je ne vois pas…

Je cherche, je gratte. #LuiCEstCuir fait une mine circonspecte mais je le soupçonne d’adorer ces moments où ma mémoire sautille dans tous les sens pour finalement ressortir un truc évident et énormissime du genre… TADAAAAAM !!!

Led Zeppelin IV

Ouais. Led Zeppelin IV.

Un cadre jaune… qui n’est pas du tout jaune donc.

Un bonhomme au milieu… mais qui n’est pas au milieu, et qui ne pose pas pour l’album et qui est dans un cadre.

Et le disque pas trop trop mauvais, non…

HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)

6 commentaires

  1. Nous sommes je crois la dernière génération a avoir eu la chance d'admirer ces pochettes et d'écouter ces musiques sur galettes.Je me souviens aussi avoir passé des heures a contempler les pochettes,notamment celle de l album "quintessence" de Malicorne ,mettre l'aiguille ,régler la vitesse ...puis le son croustillant sortant des enceintes...

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
    • @Zaneema : oui !!! Tu sais, c'est un peu comme cette image qui circule avec une cassette audio et un crayon "nos enfants ne sauront pas en quoi ces deux objets sont reliés", et c'est tellement vrai 🙂 Et ce son... et les secondes de craquement entre chaque chanson...

      HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
  2. Ah oui ça me rappelle la pochette de MC5 (émecé cinq que je croyais)avec des gens qui jouent des instruments, et celle des tableaux d'une exposition par, euh, tu sais, y'avait 3 noms, là. Et puis la Jeune Fille et la mort, dessus on voyait un tableau avec, euh, une jeune fille je crois. Par contre celles de Pink Floyd je peux te les redessiner les yeux fermés. (Ma mémoire s'apparente plus à une passoire Shadock de Troisième Ordre qu'à un filtre affectif, hélas)

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
    • @Br'1 : mouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!! J'adore ta manière de décrire les pochettes !!! C'est exactement ça (ma mère m'a dit "ouiii, écoute cet album de Neil Young, tu sais, avec euhhhh... je crois qu'il y a un arbre ?"...), cela met du mystère et de l'aventure dans la recherche musicale en un sens, hihihi ! J'avoue que Pink Floyd, les pochettes sont tellement... graphiques ? mythiques ? qu'on ne peut les oublier. D'ailleurs... tu vas voir le prochain billet 😉

      HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)

Répondre à Henry Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.