« Les Chroniques de San Francisco » : la suite…

Je t’avais parlé de ma lecture des six premiers tomes des Chroniques de San Francisco, voici donc enfin la suite…

Michael Tolliver lives

Dernier tome (pour l’instant) des Chroniques de San Francisco, Michael Tolliver lives/Michael Tolliver est vivant confirme que le ruban rouge qui se déploie tout au long de la série reste le même, comme annoncé dans le titre : un thème New Age, traité avec toujours autant de tendresse et d’humour, l’importance de croquer la vie à pleines dents tout en étant en paix avec soi-même et les autres.

Cette fois-ci, c’est Michael qui tient le premier rôle : plus d’alternance des chapitres entre les personnages, c’est lui seul qui s’exprime du haut de ses cinquante-cinq ans, aux côtés de ceux qui lui sont chers et d’une séropositivité qu’il gère au quotidien. Personnage le plus « humain » des Chroniques, Michael « Mouse » Tolliver donne une tonalité nécessairement différente à ce tome, plus tendre, plus nostalgique aussi. Certains de ses amis sont morts, d’autres sont partis, et l’on voit disparaître ces personnages avec une certaine tristesse tant Armistead Maupin a su nous donner l’illusion de connaître cette « famille » de Barbary Lane.

L’intrigue aussi s’est assagie et ne joue plus sur les mêmes ressorts : il ne s’agit plus pour Michael d’aller courir les bains et les bars. Et c’est toute la ville de San Francisco, à travers ce personnage qui a fini par en devenir emblématique, qui semble avoir pris de l’âge et vivre dans la quiétude. Plus de gourous fous, plus de morts cachés, l’hygiénisme règne et les drogues psychédéliques et l’alcool ont été remplacés par le bio et le macrobiotique. Les années 2000 ne sont pas les années 1960-1970, et Armistead Maupin saisit très bien tout au long de la série ce changement d’atmosphère dans la ville et dans les habitudes de ses personnages.

Emails, forums, cancer du sein (ce n’est pas une nouveauté, mais sa mise en lumière est retranscrite dans ce tome), la séropositivité avec laquelle certains vivent, les recomptes des voix en Floride, la guerre en Afghanistan. Et pour la première fois dans la série, une relation sexuelle ludique est décrite de manière très détaillée, avec comme acteur principal un préservatif. Changements, changements.

Aux pics d’adrénaline des tomes précédents a succédé le retour sur soi et sur ses sentiments à travers deux thèmes : le rapport de Michael aux autres tout d’abord, ses amis, San Francisco ou le reste de l’Amérique, présentée comme puritaine, engoncée dans l’argent et la bienséance et dont Mary Ann finit par être la nouvelle figure, mince, bien mise, parfaite à tous points de vue et pas détestable du tout, mais tellement conventionnelle… Puis l’intrigue s’intéresse au duo maternel qui a construit Michael, Anna Madrigal qui l’a accueilli à San Francisco et aimé comme son fils, et sa mère, puritaine résidant dans une Floride bon teint. Michael n’oscille pas entre les deux, n’hésite pas : avec beaucoup de sérénité car il a mûri, il rend grâce à la ville et à la femme qui l’ont accueilli quand il était plein de doutes et d’appréhensions.

Après les tomes 5 et 6 beaucoup plus sombres, Michael Tolliver lives / Michael Tolliver est vivant amène une certaine sérénité chez le lecteur. Michael fait le compte des échecs, des fuites, des faiblesses d’une génération avec un enjouement et une tendresse qui transparaissent dans des dialogues toujours aussi agréables à lire. Michael, c’est ce voisin ou cet ami que l’on aimerait tous avoir.

Michael Tolliver est vivant

Note : lu en anglais, alors que j’avais lu les précédents tomes en français, cela a pu influencer mon avis car le style d’Armistead Maupin est très fluide et léger, différant donc d’autant plus avec l’ambiance des tomes précédents.


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28 commentaires

  1. Je l'ai lu et j'ai été surprise par le ton qui est très différent des précédents.
    Pour l'anecdote, je l'ai offert à ma mère pour la fête des mères : pas le cadeau le plus adapté... Tiens, tu me donnes une idée de billets, là...

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    • @ Madame Kévin : ah oui, effectivement ! J'ai dit de mon côté à ma mère de lire la série entière, mais celui-là comme cadeau, hihihi ! Elle l'a pris personnellement ?

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    • @ Bérangère : oui, je suis assez méfiante envers cet auteur en fait car j'ai lu un livre de lui qui ne m'a pas du tout plu ("Show Business"). Mais peut-être celui-là est-il meilleur.

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    • @ Kahlan : alors franchement, si tu as envie de quelque chose de léger, de drôle, avec des émotions et en même temps des histoires mêlées et parfois emberlificotées, c'est vraiment très bien !

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  2. J' ai adoré les sept tomes, que du bonheur, mais je ne suis pasobjective, je suis fan !!!

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    • @ Pimousse : hihihi ! Tu as vu la série qui avait été faite ? Oui, tu n'es pas loin effectivement, mais je n'en dirai pas plus...

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  3. Le fait que tu en parles me donne envie de les lire. J'avais toujours repoussé le moment, mais je crois qu'il est enfin venu. Merci 🙂

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    • @ Chocoladdict : tu avais été déçue par le dernier ou par l'ensemble de la série ? C'est sûr que du point de vue littéraire, c'est assez "facile", plutôt une lecture de loisir. En même temps, beaucoup ont dit pareil de Zola, hihihi !

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  4. Non, elle l'a bien pris heureusement ! Et elle était d'accord avec la thèse du livre et l'attitude du personnage qui préfère sa mère "logique" à sa mère biologique.
    Alors que moi, je n'étais pas d'accord avec cette idée...

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    • @ Madame Kévin : peut-être parce que ta mère a vécu une époque de philosophie New Age qui disait que "ce qui compte, c'est l'amour" ! Et là, en l'occurence, on est en plein dedans... En revanche, je ne crois pas qu'il délaisse sa mère : tout donne l'impression qu'il sait que sa vraie mère sait. Qu'il aurait tout fait pour être là, mais qu'à la différence d'Anna Madrigal, elle n'a pas été là aux moments difficiles et ne l'a pas soutenu. OK, ça c'était pour la partie psychologie New Age, hihihi !

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    • @ M1 : oui, les quatre premiers tomes sont légers, si tu aimes les comédies américaines sympathiques, cela devrait te plaire ; les tomes 5 et 6 sont plus sombres, mais aussi plus fouillés. Le dernier, tu sais.

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    • @ Pivoine : je vais attendre quelques années, mais je suis sûre que je prendrai le même plaisir à tous les relire d'un coup ! Il y a un tel humanisme qui se dégage de ses livres, pourtant les choses n'y sont pas très complexes, mais il y a de la sérénité et des relations humaines chaleureuses qui y sont décrites avec beaucoup de finesse. Et finalement, c'est assez rare !
      Tu me diras ce que tu en as pensé !

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