Fille à mecs

Fille à mecs

Il a fallu que mon univers se remasculinise récemment pour que je prenne conscience à quel point ils m’avaient manqué. Les mecs.

Quand je me remémore les années passées, mes relations les plus durables, les plus sereines surtout, ont été celles entretenues avec des garçons. Amoureuses, pas amoureuses, flirt et fleurette, amicales, sexuelles, platoniques, toutes. Ambiguës ou non, toutes ces amitiés m’ont soutenue et façonnée d’une manière ou d’une autre.

Les quelques amitiés féminines que j’ai développées sont tout aussi fortes, seulement plus rares.

Petit école, et Nicolas, Rémy, Samuel. Les filles étaient nunuches, je le savais déjà : j’enviais bien sûr en mon for intérieur Aurélie, blonde douce et fragile que tout le monde trouvait tellement belle, mais moi je savais n’avoir pas peur de sauter à pieds joints dans la boue formée par la neige fondue du début du printemps.

La fin du primaire approche, et Rémy, Nicolas encore (les prénoms des années 1980, que veux-tu), Florent et Mathieu surtout composaient mon univers. Il y avait bien quelques filles, mais je m’en méfiais comme de la peste ; et rien que de retrouver leur prénom, Ludivine ou Cynthia, j’ai les dents qui grincent.

Le collège ? J’ai essayé de m’adapter, de rester avec Sarah, d’approcher Christel, mais pour être intégrée au groupe des filles in, je n’étais jamais assez bien mise, assez jolie, assez conventionnelle, ou bien étais-je déjà par trop déniaisée ? Alors c’était Richard, Olivier, Renaud, Gérald et bien sûr S., l’évidence. Le rapprochement avec G. s’est fait à cette époque aussi, compagnon insaisissable de colères et de rires complices, le seul à ressentir le même décalage dévastateur dans cette petite ville de province. Des garçons, des sorties, des conversations, des jeux de mots, des allusions qui n’en étaient plus, des escapades bien sûr. Rien à faire en tout cas avec les petites bêcheuses guindées.

Le collège est passé à toute allure avec ses expériences, ses rires et ses larmes. Et jamais l’épaule d’une fille, jamais. Une fille utilise ton chagrin pour sa propre cause. Surtout au collège.

Au lycée, j’ai donc fui les filles. Et retrouvé les mêmes, Laurent, Olivier, Renaud, S., Nicolas, M., de classe en classe. Des mecs, le surf toujours à portée de main et pas contre une petite fumette, toujours plus passionnants et bien plus doux envers les gens que Laurie et ses « pantalons-cigarette », Eva, Emilie, les rires de bécasse et les regards outrés. Les seules ? La douce Marie qui si j’avais osé aurait peut-être été la première, et B., l’éclatante B., qui par défaut dut s’asseoir un jour près de moi et n’est plus jamais repartie. S., encore et toujours, de ces personnes pour lesquelles tu franchiras des milliers de kilomètres pour leur donner ton épaule et trouver la leur. Même si bien sûr E. est venu s’intercaler, longtemps mais sans jamais l’effacer. Un prof. Je t’en parlerai un jour.

Arrivée à Paris, j’ai retrouvé cette habitude : chaque classe et la vie professionnelle m’a vue m’écarter progressivement des filles avec une méfiance non déguisée, voire un mépris affiché, pour n’être plus qu’avec Jean-Baptiste, T., Julien, A. puis J.-P., seul rescapé de mes années d’enseignement. C’est l’époque où s’est définitivement installé dans ma vie Micha, malicieux, serein et pensif tout à la fois, et celle de LA rencontre. El Fennec. Comment te dire : si ce concept signifie quelque chose, une âme soeur. Celui que l’on sait pouvoir franchir des milliers de kilomètres pour te donner son épaule et pour lui donner la tienne. Il est de ces personnes pour lesquelles je pourrais tout faire.

Quelques rencontres féminines sont restées de ces années, lentement construites mais évidentes, heureusement. Drey mon refuge, A. et A., compagnes de fous rire, Royale R et nos interrogations communes.

Mais ils sont toujours là, G., Micha, A., El Fennec, S., quelle que soit la distance. Ils me manquent terriblement, parce que je me suis presque toujours reposée sur eux, et parce que mon univers a été à Bombay beaucoup trop féminin à mon goût : heureusement qu’il s’y trouve des femmes d’exception, mais cela ne me fait pas oublier que les hommes sont invisibles. Travaillant dur, mariés, pères, le couple définit le dialogue et la parole masculine s’efface alors. Et avec les hommes indiens, une ambiguïté latente et surtout le regard soupçonneux des autres, fragilise la relation qui s’établit.

Quelques mecs viennent d’arriver. Il en faudrait plus. Peut-être retrouverai-je alors la simplicité et la sérénité de ton dont j’ai avidement besoin.

Un billet de Chocoladdict pour l’inspiration…

Note : je ne parle pas, et à dessein, de Tac. C’est encore un autre type de sentiment…

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17 commentaires

  1. J'ai l'impression de retrouver un peu ma fille dans ce que tu décris. Elle a toujours été très amie avec des garçons, moins sadiques que les filles.

    Elle a quelques amies, dont une qui la suit depuis la maternelle et malgré la distance, ce sont les meilleures amies du monde.

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  2. A l'époque je pensais etre la seule dans ce cas là,mais plus je vielli plus je vois des filles dans la meme cas,dont toi.J'ai toujours eu peur des filles,de leurs larcins ,de leurs esprits tordus et surtout de leur jalousie.Au lycée j'étais interne ,j'ai donc du vivre parmi les filles,pas de dortoir mixte...du coup j'ai expérimenté l'amitié féminine qui dure encore,malgré les distances.
    Et puis il y a 10 jours j'ai rencontré par pur hasard mon meilleur copain de l'époque "internat" et nos étions de nouveaux de stupides lycéens ,de façon instantannée!!!Je te souhaite de retrouver cette complicité tellement spéciale!

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  3. C'est marrant parce que tous mes meilleurs amis qu'avec on est potes depuis plus de 20 ans (d'ailleurs j'ai fais un billet sur eux sur tribulations.hautetfort.com hier soir) sont des mecs.

    Avec le temps ils se sont mariés/ pacsé etc... et leurs femmes sont devenues plus ou moins mes amies mais c'est pas pareil.

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  4. Bel épisode de "Chouyo et les garçons" !
    Comme je te comprends, même si avec le temps, j'ai moins l'occasion de traîner en bande de mecs. Et même si c'est maintenant que j'apprécie plus les filles en amitié, je reconnais une grande grande valeur à celle des hommes. Avec plein de bons souvenirs, en plus 🙂

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  5. Je n'ai jamais eu d'ami homme. C'est marrant parce que je comprends tout ce dont tu parles, l'hypocrisie, le double tranchant des amitiés féminines, comparé à la simplicité des rapports avec les garçons. Mais dans les quelques complicités masculines connus, il y a toujours eu des ambiguïtés, qu'on n'a jamais su dépasser. Peut-être d'avoir 2 grands frères proches et protecteurs me suffisaient.

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  6. J'ai toujours été entourée beaucoup plus de garçons (et surtout des gays ;-)) que de filles. Les filles ça jalouse, ça pipelette, ça fait des soucis...Maintenant j'arrive à avoir quelques amitiés féminines mais rares (et elles sont un peu comme moi, pas prise de chou pour des bêtises).

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  7. Très beau post ! C'est retour vers le futur chez Chouyo aujourd'hui ; )
    Moi je dis qu'il n'est jamais trop tard de galocher une fille ; )

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  8. J'avoue que moi aussi j'aime bien l'amitié qui se noue avec un mec, je pense que c'est moins mesquin qu'avec les filles. Le seul risque qui peut y avoir c'est qu'à un moment donné, il y ait une attirance physique de part ou d'autre.

    Il n'empêche que ma meilleure amie est une fille et malgré tout, c'est important.

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  9. C'est drôle, je suis passée par plusieurs phases: petite, que des copines filles, puis collège, les deux, puis lycée, plus de garçons que de filles et ça a duré assez longtemps. Dans mes potes, on était moins de filles que de garçons, j'ai eu aussi une grande période où je trouvais les autres filles trop chochottes et trop niaises en fait.
    Depuis quelques années, je fréquente beaucoup plus de filles, mais je pense que les blogs y sont aussi pour quelque chose!
    Par contre, mon meilleur ami est un garçon, et ce depuis que j'ai 15 ans, c'est la personne en qui j'ai le plus confiance au monde!

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  10. mes potes mecs sont presque tous homos. Sinon je suis plutôt branchée filles, mais filles pas fifilles, plutôt couillues 🙂

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  11. Voilà un très beau billet. Les mecs sont en effet plus francs, plus faciles, moins gonflants. Et puis les filles, ça fait que penser à ne pas manger, à ne pas se casser un ongle, à faire en sorte que sa coiffure soit en place...beurk.

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