Claquage de fesses

Panties Boxers

Claquer des fesses, d’accord. Mais lesquelles ?

Non, tu ne rêves pas : il s’agit bien d’un boxer Hello Kitty…

Aujourd’hui, j’ai envie de replonger avec toi dans les délices méconnues de la vie de prof. Car il est bien des moments dont personne ne parle, où l’on se se sent terriblement seul (as-tu pensé au prof qui se sent mal en cours, seul devant sa classe et qui doit tenir encore (allez, c’est toujours comme ça) 40 minutes ? Gastro, cystite, nausées ?). Hmm, sauver la face, presque en permanence.

Il était une fois, donc, une prof qui adorait son métier (mais pas son travail), sa vocation (mais pas les conditions). Elle traversait chaque jour une ville bien éloignée de chez elle, de long en large, car ni bus, ni voiture n’étaient disponibles, pendant son heure de déjeuner. Au départ comme à l’arrivée, il s’agissait de créer et de conserver l’attention de bambins qui avaient envie d’être partout sauf entre ces murs (ouaaais, c’est beau ça…). Traverser le vent, la pluie, le froid (les loups…), les cités, avec un sac lourd de copies, de livres, de bouteille d’eau et de sandwich. A son arrivée, dans le quart d’heure restant, elle grignotait rapidement avant d’entamer enfin les trois dernières heures de maintien de la journée (maintien de soi et des autres, gestion de l’équilibre des chaises et des esprits).

Heureusement, si elle calculait bien son coup, le soir elle pouvait éviter tous ses collègues, absolument tous, en attrapant le RER de 17h12. Ceux qui avaient fini avant partaient plus tôt, ou plus tard, ceux qui finissaient à 17h prenaient du temps pour remplir le cahier de texte (elle le faisait pendant la mise en activité des élèves), bavarder avec les collègues (le moins possible), bavarder avec la direction (non, on ne « bavarde » pas avec la direction) ou prendre du temps dans ce lieu de travail qui est aussi un lieu de vie (mouahahahahahahah !).

Seule, dans le RER, à lire, écouter de la musique, opérer une véritable transition entre la journée de travail et la vie personnelle, quoique la journée de travail reste envahissante par les dizaines de conflits qu’il a fallu gérer, les sanctions et les carottes qu’il a fallu brandir, les mille et une astuces qu’il a fallu trouver, les échecs, les erreurs et les manquements qui font culpabiliser. Le bonheur d’être seule, de ne surtout pas parler, de ne surtout pas avoir à se faire comprendre et entendre. Plus de brouhaha incessant, moqueur, charmeur.

Le RER de 17h12, le mien.

Et un jour, jour de grand vent, jour à talons aussi, la descente raide et la montée ardue qui conduisent de l’établissement à la gare, par une grande rue et de petites rues pavillonnaires ont été les témoins d’une scène imprévue. Peut-être une ou deux minutes de retard sur cet itinéraire chronométré, peut-être un sac alourdi de trop-de-copies-livres-eau. Peut-être que les talons et le néant de pratique sportive avaient enfin eu le dessus.

Je marche à grandes enjambées quand une douleur lancinante au début, puis un pincement, plus fort, plus violent, déchire… ma fesse droite. Un claquage ???

Non ! Je ne suis qu’aux deux tiers de la pente qui me mène à la gare, je dois arriver à la gare, il le faut… Je continue, la fesse m’élançant légèrement, puis plus franchement à mesure, jusqu’à ce que… la deuxième fesse se joigne à la partie !

Argh, noooon, je n’ai pas de temps à perdre, le prochain RER est au moins 30 minutes plus tard (s’il vient un jour), et je ne veux pas de compagnie dans le RER !!! Souffrance, martyr que j’endure mais je dois m’arrêter. Les élèves me rattrapent, me dépassent, je fais semblant de chercher mon téléphone, j’essuie la sueur de mon front, je n’ai qu’une envie, me masser les fesses. La douleur est forte. Mais pas avec 800 élèves se déversant en une marée continue autour de moi, devant, derrière. Que faire. Le seul moyen que trouve mon cerveau engourdi par la terreur de manquer le train et la douleur lancinante dans mes deux fesses, c’est de m’adosser au muret d’un pavillon. Muret muni d’un rebord angulaire, contre lequel je me masse, le plus discrètement possible. Une minute, deux minutes.

Tout en faisant semblant de téléphoner. Dans les séries, c’est à ce moment-là que le téléphone sonne pour de vrai.

Et je repars, il me faut avoir le train, je l’entends siffler au loin. Je marche difficilement, je boitille et…

– Madame, vous allez bien ? Vous avez un problème ? me demande une de mes élèves de 6ème, attentionnée et entourée de petits caïds de 4ème.

Je ravale ma pâleur, ma douleur, ma honte. Je souris largement, lance une main dans le vague et :

– Oui, merci de t’en inquiéter, je me suis juste un peu foulée la cheville.

Nan, parce que dire à haute voix au milieu de dizaines d’élèves « je me suis fait un claquage aux fesses » , ça va bien…

Je n’ai pas eu le RER ce jour-là.

30 secondes de retard.

HIIIIIIIIIIIII !!!(1)Boah...(0)

41 commentaires

  1. Rien de tel qu'un booty slap après un claquage de fesses : )
    Et pour ma part, je claque les fesses de gauche sur la photo, je te laisse volontiers les Hello Kitty ; )

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  2. Les deux fesses, il faut le faire ...
    Et en définitive, tu as fait quoi chez toi ? Médecin, arrêt, ...
    Ca a changé ici, c'est bien aussi.

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    • @ Angélita : non, rien de tout ça. Le temps d'attendre le RER suivant, de me masser un peu en m'asseyant sur un banc, c'était passé. Cela revient parfois, mais je ne sais pas trop pourquoi.

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  3. Héhé!!! Tu m'as bien amusée!!! Oh, cela m'a rappelé à mon bon souvenir la période où je prenais le même bus que mes élèves (de SEGPA) pour rejoindre mon home swwet home!!!

    C'est clair qu'on évite d'être ensemble... Pour plein de raisons fort diverses. J'ai adoré, ensuite, prendre ma voiture pour aller bosser!

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    • @ Le Journal de Chrys : exactement, toute la question est là, prendre ou ne pas prendre les moyens de transport avec ses élèves... Et je crois qu'il vaut mieux attendre le prochain bus/RER/train !

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    • @ L'épice : oui ! On a mal et en plus on se marre intérieurement en se disant à quel point c'est la honte en même temps...

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  4. Je ne suis même pas sûre d'avoir eu vraiment mal aux fesses une fois ! 😀
    Mais ça doit être bien gênant quand la douleur est forte tout d'un coup, en pleine rue.

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  5. Tu es un phénomène toi dis donc ! Un claquage de fesses ? j'imagine mal le truc ! C'était comme des crampes alors ? oh la la l'horreur... si c'est comme dans les mollets ce n'est pas drôle....

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  6. Bon le claquage de fesses, c'est rigolo, c'est vrai 🙂
    Mais alors, le début de ton texte, c'est trop ça. C'est trop ça d'être prof.

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    • @ Marlène : c'est marrant que tu le racontes. Après. 😉
      Ah ouais, être prof, pfiou. En fait, c'est un métier de solitude je trouve : en permanence entouré, aux moment où l'on voudrait être tranquille, et très solitaire en traversant la ville, en mangeant son sandwich, en corrigeant ses copies, en prenant le RER (bon, moi, c'est volontaire là...) ou face aux élèves, à ses instants de plantage très drôle (une boucle d'oreille qui tombe, une trace de transpiration, que sais-je encore...) ou à des moments de pétage de plomb...

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    • @ Oum : je ne sais pas, en fait. C'est passé, mais cela me le refait de temps en temps (rarement, et surtout quand je mets dans une mauvaise position avant de marcher (mal assise par exemple)).

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    • @ Océane : je l'ai vu passer, s'arrêter et repartir, j'étais en haut de la passerelle et il y avait tous les escaliers à descendre mais impossible...

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    • @ Bérangère : n'est-ce pas ? Va savoir ce que c'était, crampe, claquage, sciatique, mais c'était très délicat dans ce lieu, à cette heure 😉 !

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    • @ La Mère Joie : absolument ! En tout cas, je pense que c'était ça, mais si ça ne l'était pas ça faisait aussi mal 😉 !

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  7. comme quoi l'EN nous permet de vivre des expériences extrêmes et inattendues (dont par ailleurs on se passerait souvent...). bon, comment s'est finie ton histoire? des heures de discussion avec le vieux prof de maths pas fun dans le RER de 17h42?? une attente infinie sur le quai de la gare??? un plâtre?

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    • @ La Pythie : je crois que la douleur est passée en une heure... Mais qu'il y a eu une attente longue sur le quai (d'autant plus longue quand tu as vu passer le précédent RER, héhéhé !) puis des collègues qui sont venus, qui m'ont parlé, tu vois quoi. Bon, quand tu auras ton prochain poste, t'essaie de m'en garder un second au chaud à côté de toi pour le jour hypothétique où je reviens, que je puisse enfin profiter des trajets du RER pour papoter enfin de choses essentielles !

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