Je n’ai jamais vraiment aimé les dattes.
J’ai toujours trouvé ce fruit trop sec, trop dur, trop sucré. [Le premier qui fait une blague sur le fait que je suis prof d’histoire, les dates etc., fera trois fois le tour de ce blog à cloche-pied !] Mais cela, c’était avant de voyager et de découvrir que je ne connaissais rien aux dattes…
Comme pour n’importe quel fruit ou baie [j’ai appris que la datte est une baie, je vous transmets donc ce savoir aussitôt : blog culturel, blablabla…], plusieurs variétés poussent et sous des longitudes diverses. Les dattes de Tunisie ne sont pas celles de Jordanie, celles d’Israël ne sont pas celles d’Oman, et celles d’Iran ne sont pas celles de Californie. Mais dans les épiceries, marchés et supermarchés français sont le plus souvent proposées deux sortes : la Deglet Nour et la Medjoul, et dans la très grande majorité des cas, séchées.
Ergo : je ne mange jamais de dattes.
Mais un jour, je suis partie vadrouiller à Oman. Il faut dire qu’à 2h30 de Bombay cela aurait été dommage de s’en passer : et là, dans un marché couvert de Nizwa, je vois un panier dégoulinant de dattes. Non, mais vraiment dégoulinant : le panier était détrempé de suc, de jus, de miel de dattes, et sur lui reposait un monticule de dattes noires pressées les unes contre les autres, rebondies mais écrasées. Et noires surtout. Je n’avais jamais vu ça. J’ai fait un sourire et de grands yeux au vendeur, qui s’est empressé de me faire goûter.
…
OK. Je n’avais donc aucune idée de ce qu’était réellement le « fruit du paradis ».
La datte peut en effet être cueillie à différents stades de sa maturité, avant quand elle jaune et dure et acide, à moitié mûre, mûre voire déjà en train de sécher. Elle peut être consommée immédiatement, séchée dans des étuves ou au soleil, congelée puis décongelée pour mûrir à nouveau, et toutes ces manipulations ont un impact sur le goût et la texture.
Alors désormais, je sais qu’il me faut guetter les arrivages près de chez moi de ces dattes fraîches, mûres et non séchées, ces petites boîtes de carton rectangulaires venues d’Iran, d’Oman ou d’Afghanistan et dans lesquelles se pressent ces baies rondes, juteuses, au goût de miel presque caramélisé.
Et en Iran ?
J’ai guetté les étals de dattes, mais la saison semblait passée : seules subsistaient des dattes séchées ou en voie de l’être, la peau déjà durcie. Déception. J’ai goûté de temps à autre et vérifié si une des variétés proposées me convenait, mais peine perdue. De guerre lasse, j’ai cessé de m’en préoccuper et continué le voyage.
Mais le dernier jour, j’ai à nouveau tenté ma chance dans le bazar de Téhéran. Le vendeur s’approche, le sachet à remplir à la main, je goûte une datte de son étal… et ça n’est toujours pas ça. De dépit, et voulant ramener tout de même quelques dattes, je vais pour me décider quand…
Sorti de la foule qui se presse en cette fin d’après-midi, un Iranien, grand échalas aux cheveux châtains clair, s’adresse à moi dans un anglais trébuchant. Il m’a vue parlementer avec le vendeur et s’enquiert du problème : comme c’est souvent le cas en Iran, on reste rarement seul et chacun de venir te proposer son aide ou ses conseils sans rétribution aucune ensuite. J’explique que je cherche des dattes moelleuses et juteuses. Il parlemente avec le vendeur et, avec mille précautions, me dit qu’il sait peut-être où en trouver. Il ne me garantit rien mais… me demande de le suivre.
Ce que je fais.
[Téhéran, bazar principal, heure de pointe, policiers partout, je suis un inconnu pour quelques dattes : c’est à cet instant que ma mère m’a déshéritée.]
La course au dattes commence alors. Slalomant dans la foule, évitant les policiers nombreux ce soir-là, les vendeurs du bazar qui ferment leurs magasins en se hélant par-dessus les étals, les Téhéranais pressés de rentrer chez eux, je me hâte de suivre les grandes enjambées de mon guide quand ce dernier se met soudain à courir et presque me perdre : que se passe-t-il ??? ET MES DATTES ALORS ???
Je parviens à le rattraper et le vois frapper à un rideau de fer en train de fermer, le vendeur courbé dessous actionnant le mécanisme. Le rideau aux trois quarts baissé s’arrête. Echange. Soupirs et dodelinements du vendeur qui a déjà son casque de moto à la main. Le Téhéranais insiste, me désigne de la main, le vendeur hausse les épaules… SUSPENSE… et actionne le mécanisme : le magasin rouvre sur des dizaines de piles de boîtes rondes transparentes dans lesquelles des formes oblongues et dodues et brunes baignent dans un liquide caramel.
Des dattes. Mes dattes.
[Moment émotion.] Je souris, je goûte, je fonds de tant de bonheur !
Ces dattes sont exceptionnelles. Du miel parfumé qui serait devenu, non solide, mais juste moelleux. Elles fondent dès les lèvres, leur suc s’écoule dans la gorge, et elles ne laissent pas dans la bouche cette brûlure des mets trop sucrés.
Je demande le prix. Les prix iraniens ont ceci de complexe qu’ils s’expriment en dizaines, centaines de milliers ou millions de rials mais, selon le coût et/ou l’interlocuteur, le prix est exprimé en rials ou en tomans de rials [des « lakhs » ou des « qian » si tu préfères, la manière asiatique de faciliter les comptes en créant une catégorie pour « centaine de mille »] sans que cela soit précisé à la fin de la phrase… De surcroît, les Iraniens confondent souvent à l’oral « eighty » et « eighteen« , et raccourcissent la centaine de mille (200 000 devient ainsi non pas 200 tomans mais 20). Ce qui, tu t’en doutes, ajoute à la confusion.
Le vendeur donne le prix d’une boîte, le Téhéranais me le traduit dans son anglais hésitant, je reprécise tomans ou rials, et me dis que c’est bien cher… mais qu’à cela ne tienne, elles sont trop bonnes : je me ruine mais j’aurai une boîte. Je sors un gros billet. Hésitation dans le regard du vendeur, dénégation de la part de l’Iranien.
AH ! C’était le prix en rials… [Vive l’écrit.]
Mon devoir dans la vie désormais, que j’accepte le dos droit et le regard clair, est d’abreuver famille et amis de dattes iraniennes.
– Bien. Vous m’en mettrez donc trois kilos.
Et encore, j’ai été raisonnable. J’avais 7kg de marge dans mon sac au retour…
Note : la variété iranienne est la datte Mazafati. Si tu en trouves, goûte surtout !
C'est malin, j'ai hâte de les goûter maintenant !
c'est un délit la tentation !!!! et on fait comment quand on habite en France pour avoir ces merveilleuses dattes naturelles ...bio comme on dit maintenant ... ce doit être impossible ... bouhhhhhhhhhhhhhhhhh
Vous pouvez en acheter chez Bio C'est Bon.
Miam! Vivement que tu viennes!
Et voilà, j'ai les glandes salivaires en rut et aucun moyen de me procurer des Mazafati (ni rien qui s'en rapprocherait)! Malgré tout un grand merci pour le tuyau , on ne sait jamais, un jour...
Pas de Bio c Bon, Biocoop ou Marchand Bio dans le coin ?...
[…] Il existe une grande variété de dattes, et pas seulement les Deglet Nour ou Medjoul (lien) […]
Quelle variété de dattier supporterait le gel?
J'ai une petite boite jaune de mazafati, récolte 2016, à côté de moi : un délice !
j'en ai goûté l'année dernière pour la première fois et je n'arrive plus à manger d'autre variété.
Je les trouve dans un magasin bio avenue du Gal Leclerc, paris XIV.
Bonjour,
Je réside en Irlande et les trouve avec un certaine facilité dans les petits commerces indiens- pakistanais, à 3€ la boite d'environ 625g.à mon grand bonheur.. je ne les connaissais pas avant. Super apréciables, du miel moelleux comme le dit l'article..un délice
bonjours mesdames et messieurs....
vous entendre parler de dattes me rend heureux!!!
Arrivage dans quelques jours de dattes sukkary en provenance d’Arabie saoudite recolte octobre 2016....vous l'avez parfaitement décrite...douces sucrées et onctueuses c'est un régale...
Prix 5.50 boite de 500gr
4 boites 20 eu
n hésitez pas me contacter pour toute commande au 06 19 04 50 21 ou par mail alidouch@outlook.com
dispo sur paris
L'on trouves des dattes Masafati chez biocoop et à peu près tout les magasins bio pour moins de 8€ la boite.
Avec des amandes au Tamari (biocoop aussi) , c'est un véritable délice !
chaque matin, une orange sanguine bio que je croque comme une pomme avec sa peau , accompagnée de quelques dattes
Et voila le travail !
Chère Madame,
Merci pour cet article riche en explications.
A vous lire, j'avais déjà l'eau à la bouche.
Imaginez ! Comme vous, je n'avais goûté que dattes séchées que je trouvais trop sucrées et n'aimais pas. C'est seulement fin 2016 que j'ai tenté un second essai, mais avec une fraîche. Et là, ce fut une brassée de saveurs amande qui m'a submergée. Je me suis délectée. Depuis, j'essaye l'une ou l'autre variété parfois bonnes ou très bonnes.
Cependant, je viens de découvrir les Mazafati d'Iran bio. C'est à tomber par terre ! Quel délice !
Je me mets à chercher sur Internet si je peux en trouver ailleurs et tombe sur votre blog non dénué d'humour.
Maintenant, j'ai envie de déguster les plus fraîches encore, celles dont vous parlez.
J'imagine que je dois me rendre dans des épiceries orientales. Je chercherai dans les différentes régions où je vais, comme à Perpignan et en Belgique.
J'ai eu presque la même expérience avec les figues que je ne mange que depuis la même époque, n'ayant mangé qu'une verte, en Italie, lors de mon adolescence. Je trouvais qu'elle avait l'odeur de plante et j'ai à peine posé mes lèvres sur la chaire.
Bons plaisirs gustatifs à tous.
Hello. Je les achète bio à la Vie Claire. C'est à tomber
très très bonnes, délicieuses , juteuses , sucrées naturellement , j ai adoré les dattes iranienne bio , on sent qu'elles ont pris des bains de soleil
hmmmm! une merveille !
Je confirme. Les dattes Mazafati sont un pur délice.
J'ai eu la chance de les découvrir à la période du Ramadan dans une supérette Turque en Allemagne il y a quelques années... à moins de 3 euros la boîte de plus de 500g...
Et j'en ai retrouvé à Bio c'est bon (mais bien plus cher).
Et cette année, miracle! une supérette turco-maghrébine a ouvert près de chez moi, et jusqu'à la fin mars on y trouvait ces merveilleuses dattes (mais plus maintenant, là ils n'ont que celles qu'on trouve toujours en France et qui ne sont pas trascendantes).
J'ai été éberluée par le nombre de variétés de dattes à l'aéroport de Dubai lors d'une escale... j'étais trop chargée, sans quoi j'aurais volontiers fait un échantillonnage!
Quelle chance de les avoir vécu dans leur pays! Accompagnées des odeurs. des sons, de la musique des voix… Je les ai découvertes en Suisse, grâce à ma rencontre avec un iranien.
Et essayez… Déposez au centre de ce bijou – à la chaire sublime et fondante – une pistache légèrement salée d'Iran, ou une noix de Grenoble;-), éventuellement une larme d'eau de rose, et on approche de la perfection!
Merci pour votre savoureux article, que je ne me lasse pas de relire.
Belle journée et bonne continuation!
Cendre