Faut qu’je t’emmène à Venise… #Italie

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Venise est un entre-deux.

Un entre-deux eaux, un entre-deux terres, un entre deux mondes. On y respire l’Orient des mosaïques, l’Occident des arcades, on y entend le clapotis marin et les pas sur les berges, on y voit le gondolier debout pour une sérénade organisée et le calme planer sur le cimetière de San Michele.

Et Venise est un cliché. C’est même le cliché touristique par excellence. Celui qui parlera à mon amie japonaise comme à mon élève de Seconde, à ma grand-mère comme à mes enfants un jour. Venise est une évidence, visuelle, sonore, olfactive presque. Et la force de cette ville, sa victoire absolue et léonine c’est de correspondre en tous points à ce cliché tout en le dépassant un peu à chaque instant…

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Dès le pied posé sur le débarcadère s’inscrit dans le regard tout ce qu’une mémoire instinctive sait y trouver : la proue effilée et recourbée des gondoles luisantes de vernis noir, la voix sourde qui chante pour des touristes japonais faisant partie du paysage, les pigeons qui volètent sur une place Saint-Marc jamais aussi belle que l’on croirait, trop carrée trop massive trop blanche trop grande pour une place italienne, un pays qui jouit de ses piazzette intimistes et colorées. Les ducs-d’albe, les bricoles, les palines de blanc ou de bleu ou de rouge revêtus s’égrènent le long des berges pour marquer les arrêts et entrées de maisons nobles. Les ponts attendus enjambent d’évidents canaux et font de cette ville plate un espace de montées et de descentes.

Venise comme une ville d’extérieurs.

Et pourtant d’intérieurs aussi.

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Venise nous comble en quelques secondes seulement. On pourrait même en être lassés en quelques minutes, tant… c’est trop. Les palais qui s’effritent juste ce qu’il faut pour donner le sens du temps et de la fragilité de ce lieu exceptionnel ? Les couleurs des maisons qui s’assortissent de telle manière qu’elles ressortent parfaitement sur les photos ? Et les touristes dans le froid hivernal qui se hâtent juste assez pour ne pas défigurer le paysage ? Comme bien des villes italiennes, Venise pourrait être trop parfaite… mais elle atteint heureusement, en quelques secondes aussi, ce juste-milieu qui fait sublime la Sérénissime.

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Cette fois-ci je n’avais rien à faire à Venise. Rien à voir de précis, aucun agenda, aucune visite montre-et-carte-en-main (car les plus belles oeuvres en Italie sont dans les églises et il faut courir pour remédier à l’utilisation subtile et perverse des horaires d’ouverture). Je n’étais venue que pour me nourrir de la sérénité d’une ville où il suffit de s’éloigner de quelques mètres du Canal Grande et de la Place Saint-Marc pour déjà se perdre et se retrouver.

Il n’y a pas un bruit dans Venise, pas de voiture, de bus, de train, de métro, de vélo, rien. Il n’y a en matière de roues que celles des diables qui transportent les courses par-dessus les escaliers, les parapets et les ponts. Diables qui répondent aux vierges dressées aux angles de rue. Les pâtes noires d’encre sont prêtes, le soave coule dans ta bouche, la baccalà s’émiette contre ta fourchette, et les pani dei dogi t’attendent avec le ristretto.

Tu y es.

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On adopte l’itinéraire que nous imposent les méandres, on suit le cours de l’eau anastomosée ou bien on le traverse, on se fait guider par la lagune qui parfois nous joue des tours. Bon enfant, on rebrousse chemin et de quelques mots glissés à une Vénitienne parcheminée on retrouve un semblant d’orientation.

Cette fois-ci, ce ne sont pas les splendeurs des peintres exaltés et des mosaïstes exaltants qui ont retenu mon attention, mais les reflets.

Ou comment Venise se construit dans l’image que l’on se fait d’elle… loin d’elle.

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Venise est une essence. Un parfum subtil qui contente nos attentes nichées dans les souvenirs, faits d’un empilement lointain d’images, de livres, de films, d’histoires et de symboles. Exactement ce à quoi l’on s’attendait mais… en plus fort, plus intense, plus riche, plus gênant ? Et cela pue parfois. Le fric à plein nez ou les égouts. Des graffiti s’étalent dans Cannaregio et près des zones touristiques. Il y a les reflets dorés d’une basilique aux rondeurs orientales et un Balloon Dog d’un brillant magenta, dans cette ville qui se taille la part du lion de l’art contemporain.

Alors le cliché dépasse le cliché, et continue de vivre.

Il faut que je t’emmène à Venise.

Alors viens. Prends ma main. Suis-moi…

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Note : quelques indications sur les lieux évoqués ici. Photo 2 : palazzo Malipiero sur le Canal Grande. Photo 4 : calle San Moïsè. Photo 5 : plafond de la Chapelle du Rosaire de l’église Zanipolo, peintures du Véronèse. Photo 6 : cloître de l’église San Francesco della Vigna. Photo 7 : polyptique de saint Vincent Ferrier de Giovanni Bellini dans l’église Zanipolo. Photo 8 : ponts dans le quartier de Castello. Photo 9 : le tympan supérieur de la basilique San Marco. Photo 10-14 : rues du quartier de Castello et Cannaregio. Photo 15 : installation de Bruce Nauman, « For Beginners (All the Combinations of th Thumb and Finger) » à la Fondation Pinault, dans le Palazzo Grassi. Photo 16 : quartier de Cannaregio. Photo 17 : façade de la Scuola Grande di San Marco. Photo 18 : chapelle de San Zanipolo. Photo 19 : vue sur le Canal Grande. Photo 20 : le pont du Rialto de nuit.

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16 commentaires

  1. Juste le temps de m'évanouir dans les volutes des brumes de la lagune, ou dans celles d'un espresso bien pressé... Ciao!

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  2. [...] < nomadity Get flash to fully experience Pearltrees Faut qu’je t’emmène à Venise… <b>Venise est un entre-deux. </b> Voyager en musique ! Brandon est un jeune musicien [...]

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  3. Aaah enfin une ville que je connais plutot bien!J'y ai passé de longs mois (5ans avec un vénitien,ça marque)en toutes saisons,J'adorais ce silence ,brisé par le bruits de pas ou par le chant d'un gondolier très inspiré.Et les ciccheti mangés sur le pouce avec un verre de fragolino.J'ai reconnu tout de suite la boucherie.Et est -ce qu'il ya toujours cette gelateria qui fait des glaces à la carotte,au fenouil?Et le petit resto orientale qui a des toilettes comme en Inde?

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  4. Mon image de Venise a les couleurs et les odeurs un peu moches (mais délicieuses, paradoxe...) d'une ville fantôme. Elle me manque, long time no seen, c'est bon de la revoir, même déguisée autrement (tu as raison, c'est une ville qui s'adapte à ta mémoire et qui se façonne à tes envies, jamais réalisé ça avant :-))

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  5. [...] Faut qu’je t’emmène à Venise… Convaincus que l’argent est le cancer de nos sociétés modernes, trois jeunes Européens ont décidé de se lancer dans un voyage autour du monde, sans débourser un centime. Partis en janvier 2010, ils ont déjà parcouru 40 000 kilomètres. Première leçon de cette vie nouvelle : apprendre à se déplacer sans pouvoir s’acheter de titres de transport, ni d’essence. Petit guide pratique. Sans argent , on ne peut pas « acheter » la sécurité d’arriver à une certaine heure ou d’être assis côté fenêtre. Il faut donc avoir du temps, être patient et avoir confiance en l’autre pour que l’autre ait confiance en nous. [...]

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  9. Vous avez transcris tout les sentiments qui me parcouraient lorsque j ai pose le pied sur le pont de la gare de Venise. J etais avec mon epoux et ma fille, j en ai pleure. Voir Venise et mourir, c est faux car vous n avez qu une envie, c est revoir Venise. C est prevu pour octobre 2014, pour 7 jours cette fois ci.

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    • @ Fouillet V. : merci pour ce commentaire, et j'espère réellement que ce second voyage sera aussi riche d'émotions que le premier !

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