Après onze ans d’existence, ce blog n’a aucune tradition de bilan de fin d’année. C’est donc pour cette raison précise que j’ai décidé d’en publier un pour 2018. Je prendrai toutefois bien garde à ce que cela ne devienne pas une habitude…
Comment résumer en quelques mots, en quelques photos, une année entière écoulée ? Ce qu’il s’y est passé de saillant, de saisissant, ce que l’on veut en garder comme souvenirs en laissant tomber dans l’oubli bienfaisant les moments de déception, de tristesse ou d’anxiété.
Si je prends un peu de recul, on retrouve les grandes lignes de la geste chouyesque : il y a eu foule de vadrouilles grappillées sur un temps de travail très conséquent, réjouissantes par leur diversité, seule ou accompagnée, sac au dos ou posée, brûlantes ou rafraîchissantes. Il y a eu régal des yeux avec force expositions et musées pour me ressourcer et me décentrer, et régal des papilles avec de multiples expérimentations à même les étals en parlant avec les mains ou au coeur de ma cuisine. Mais cette année j’avais surtout décidé d’être ma propre priorité : m’accorder du temps, ne plus culpabiliser si cela impliquait de faire passer après mon attention aux autres, et la plus belle conquête a été de pouvoir recommencer à lire des romans, injustement mis de côté pour d’autres lectures, politiques et académiques. Les unes tournent pourtant à vide sans les autres…
Gênes : l’opulence, la décadence, petit écrin portuaire sale et resplendissant tout à la fois, les villes telles que je les aime. Le coup de foudre sous le soleil froid de l’hiver méditerranéen a été immédiat.
Paris enneigée : au meilleur moment sans doute, à 7h du matin, à boire un café en attendant mes collègues.
Une escapade dans les Vosges et cette église Saint-Rémy de Baccarat, toute d’affolante géométrie colorée.
Ceija Stojka. La remontée soudaine des souvenirs d’enfance peints avec les gestes et les couleurs de l’enfance, et un sujet unique : le génocide des Tsiganes, avant, pendant et rarement après.
Thessalonique la grandiose, dont je ne me lasse pas, des heures et des heures passées avec moi-même sans rien avoir à justifier ou à répondre. Un régal à chaque fois, une ville en bazar évidemment…
D’autres expositions, dès qu’il s’en présente devant moi, et des musées à foison. Des plus classiques aux plus inattendus, autant que possible nourrir le regard et se perdre dans ce que d’autres voient du monde. Je retiens la re-visite du Centre Georges Pompidou, les cartes d’Asie au musée Guimet, la photographie contemporaine à Thessalonique, mais aussi et surtout Aftermath et All too Human à la Tate Britain.
Prendre le temps. Lire, profiter de la chaleur ou profiter de se pelotonner quand il fait froid, très loin ou tout près de chez soi.
Frantisek Kupka. La plus belle exposition que j’aie vue cette année, et depuis longtemps.
Londres, pour la millième fois, toujours différemment, toujours satisfaisante.
Léonard Foujita, et pourtant il n’y a pas de chat !
Naples, encore : s’y promener sans but, se laisser envahir par le chaos urbain et s’y plaire.
Le retour de la mégalopole indienne, clinquante et cliquetante, sous le regard de Subodh Gupta.
Découvrir Vilnius sans lui demander plus que ce qu’offre ce petit bijou manucuré et pimpant. Calme, facile d’abord, bien propre sur soi. Les faubourgs sont plus réjouissants mais il y règne le silence assourdissant d’une population entièrement disparue.
Le génie de Roman Cieslewicz, chaque affiche et chaque dessin comme des mondes à décrypter.
Paris au petit matin. Chaque petit matin. Sans aller plus loin.
Le foot nocturne ? La vie.
Jubiler en Moldavie. Mélanger le russe et le roumain, sauter d’un marchrutka pour prendre un bus, grignoter un covrigi sur un bord de route, tremper ses lèvres dans le miel de l’Est…
Oui, encore la Moldavie. En même temps, pour une fois que l’on en parle…
Un retour tonitruant en Roumanie, ébahie par la chaleur d’un été indien, la découverte d’une nouvelle région et la redécouverte de Bucarest, transformée en quelques années : on n’a jamais exploré un pays autant qu’on le croit…
Retour aux origines. Lire énormément, écrire beaucoup. Et faire raisonner du talon le pavé de la Sorbonne. Mais pas comme étudiante ce jour-là…
D’évidence, c’est en plein décembre que mûrissent désormais les tomates…