De Glamour et de Toilettes : Chengde

Chine Chengde 5

Il y a des moments où tu affrontes des situations limite.

Très très limite.

Imagine-moi en vadrouille au nord de Pékin, pour aller visiter le Palais d’Eté des empereurs mandchous à Chengde. En gros, à l’époque (il y a 7 ans) c’était la ville provinciale chinoise par excellence : aucun hôtel n’avait l’autorisation d’accueillir d’étrangers si ce n’étaient ceux de luxe, rien n’était romanisé, et il n’y avait que quelques lignes dans les guides. Tout ce que je voulais pour découvrir, lors de ce tout premier voyage, la « vraie » Chine.

Mon amie Angela venait de me rejoindre, et vaille que vaille je l’emmenais dans cet endroit un peu paumé. Angela d’ailleurs a un pouvoir de bêtises assez développé, comme nombre de mes amis, et si je t’ai raconté le parking arménien et le vertige cambodgien, il faudra que je te raconte un jour les sacs à vomi du Laos.

Oui je suis l’Impératrice de la Glamouritude, que ce soit clair.

Chine Chengde 4

Arrivée en minibus, la nuit tombe sur Chengde. La gare routière n’est en réalité qu’un parking et les rabatteurs d’hôtels fuient à notre vue. Ils racolent en effet uniquement des Chinois qui sont, eux, autorisés à dormir dans n’importe quelle chambre d’hôte, auberge ou hôtel : nous, on ne peut pas. Je sens la galère pointer son nez, j’insiste (merci les Langues O’ de nous apprendre à nous débrouiller vraiment !), je fais mes grands yeux et le souci chinois de ne pas laisser deux étrangères en rade de nous aider : nous atterrissons dans un garni à ouvriers du bâtiment. Des petits pièces, des lits défaits et des hommes étalés dessus, les sandales jetées en travers du passage, la fumée de cigarette qui rend l’air opaque et se mêle à l’odeur de sueur. Chance : on nous installe dans la chambre des enfants du propriétaire. Et les toilettes à la turque ont des autocollants de Blanche-Neige : ça, tu ne peux pas dire que ce n’est pas du luxe, du vrai.

Quelques visites plus tard, de beaux monuments que tu peux voir sur les photos de ce billet qui tentent de détourner ton attention du propos, pas un touriste étranger, et… de soudaines crampes intestinales.

Glamour encore et toujours, je t’avais prévenu.

Mes antennes se dressent : dans ces cas-là, tourista du voyageur (le transit est de fait toujours un peu secoué en voyage, rien que dans les habitudes) ou vraie bonne gastro, je n’en sais pour l’instant rien mais je tâche à toute vitesse de me remémorer les endroits vus dans la journée où je pourrais me… euhhh… détendre ? Oui, voilà. Me détendre. Aujourd’hui on aurait juste à tourner au coin de la rue pour s’engouffrer dans un McDonald’s ou un Starbucks, mais rien de tout cela à l’époque à Chengde. Rien de rien.

Les restaurants sont des bouisbouis sans toilettes, la gare est à des kilomètres et il n’y a pas de toilettes publiques. La pression monte et la sueur perle à mon front. Je repère un grand magasin. Je nous rue dedans, demande les toilettes, note du coin de l’oeil en grimpant les étages que les allées, les comptoirs et les produits datent de la période communiste. Mais toute à mon idée fixe et dans l’urgence de la situation, je ne fais aucun lien avec cet élément et le but de ma course effrénée.

Chine Chengde

Cesuo. Les toilettes.

Soupir de soulagement, Grâce ! Hallelujah ! Hosannah ! Je pousse la porte, défais déjà mentalement mon pantalon quand…

… je me retrouve devant de vraies toilettes chinoises. Comme celles qu’il faut absolument avoir vu et essayées dans tout voyage chinois qui se respecte (parce qu’elles vont sans doute disparaître). Je surconseille à ce propos celles de la gare routière de Taiyuan et celle d’un vague relais routier du piémont tibétain… ahem… bien…

Sur ma rétine d’abord, l’image de toilettes bondées. Des femmes debout, un boucan infernal, et d’autres femmes accroupies. Car je les vois. TOUTES. Une fine rigole court le long du mur carrelé. Elle emporte grâce une ingénieuse inclinaison les besoins de ces dames qui, seulement séparées par un muret d’au moins (au moins !) 30cm de hauteur, devisent gaiement entre elles, s’interpellent d’un mur à l’autre. Les deux rangées de latrines se font face, oui : sinon, ce n’est pas convivial pour un sou. Au milieu, les femmes attendent en bavardant avec leur copine accroupie ou téléphonent bruyamment.

Et là, ce que le corps peut faire, quand même…

Chine Chengde Potala

J’ai réussi à tourner le dos, à refermer la porte. A cavaler à nouveau dans les rues de Chengde pour trouver un autre lieu d’aisance*. Car l’idée de me retrouver accroupie, malade qui plus est, au milieu d’une trentaine d’autres personnes m’était inconcevable.

Confucius l’a dit : « la force des tabous appris depuis depuis l’enfance a plus de pouvoirs que 2mg de lopéramide »…

Chine Chengde 3

* Ce furent finalement (je dois mener mon histoire jusqu’au bout sinon je sais ce qui m’attend dans les commentaires : « alooooors ? ») les toilettes d’un hôtel de semi-luxe, inattendu, quelques rues plus loin. Gloire soit rendue aux hôtels de semi-luxe chinois.


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8 commentaires

  1. Ah lala les histoires de toilettes en voyage,de sacrés souvenirs!Cela me rappelle un horrible voyage en bus et aussi un épisode toilettes a Delhi...

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    • @Zaneema : ohlala... je ne veux même pas imaginer. D'ailleurs je n'ai pas besoin d'imaginer, il me suffit de me souvenir... hihihi... Un voyage en bus, des toilettes, l'Inde : le combo de la folie qui fait beaucoup rire après mais qui fait pas du tout rire sur le moment ??? 😉

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  2. Les toilettes de l'Enfer!
    C'est "marrant" comme les lieux d'aisances peuvent créer autant d'anecdotes de voyages. Le dépaysement tient à une feuille de papier toilette en fait. (pas vadrouiller en Asie encore, mais ne serait-ce que la petite cabane au milieu du Glen Affric en Ecosse...)

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    • @ Llyn : hihihi ! Cela devient d'ailleurs un sujet de conversation parmi d'autres, alors que d'habitude cela reste très tabou, mais en voyage... on se détend (naaaan, pas de cette manière-là 😉 ) !
      Mouahahah ! Ohhhh, je ne doute pas qu'une petite cabane au milieu du Glen Affric... racoooonte !!!

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  3. Le transit et les toilettes : les vrais et uniques problèmes du voyageurs.

    Quand je pense qu'à 25 ans je me "détendais" dans des champs de courges turques ou dans le désert égyptien avec mes compagnons de voyage à proximité sans pb. C'est pas beau de vieillir ^^

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    • @MaO : absolument ! Et d'ailleurs, cela devient un vrai sujet de conversation au final ! 😉
      Hihihi, ou alors c'est une question de compagnons de voyage ? ou de pays ? Les champs de courges turques sont-ils des lieux de détente plus propice ? (Sujet d'article pour un magazine de voyage, mouahahah !)

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      • c'est vrai qu'en général au bout de 3-4 jours la conversation entre voyageurs tombent irrémédiablement sur des questions de transit 🙂

        (la courge turque est énorme, ça permet de prendre appui. C'est plus confortable que le désert)

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  4. Mouahaha, sans compter les yeux inquisiteurs potentiels qui vérifient que tu es faite pareil mais pas tout à fait (couleur du système pileux, implantation...) (vécu dans les bains à Tokyo). Mais MaO a raison, on ne parle jamais tant de toilettes qu'en voyage...
    Glam'poop !

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